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lundi 8 juin 2015

Les grands historiens : Johann Joachim Winckelmann

Johann Joachim Winckelmann

Archéologue, historien et théoricien de l’art, Johann Joachim Winckelmann est né le 9 décembre 1717 à Stendal, alors en Prusse saxonne et mort assassiné à Trieste, le 8 juin 1768.

De 1738 à 1742, Winckelmann étudie la médecine, la théologie et les sciences naturelles à l’université de Halle et de Iéna. Dans les années qui suivirent, il s’orienta vers l’étude des antiquités, soit l’archéologie. Convertie au catholicisme en 1754, il devient alors bibliothécaire du cardinal Passionei. 

L’année suivante il fait paraître son premier ouvrage, Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture, qui contient, déjà en germe, les idées directrices qu’il développera tout au long de son existence.

Père de l'histoire de l'art et de l'archéologie moderne


Cette même année, Winckelmann part à Rome afin d’y poursuivre ses études sur l’art classique. Il voyage alors à travers l’Italie, visite Naples, Pompéi, Herculanum, etc. En 1763, il est nommé président des antiquités et directeur de la bibliothèque Vaticane et publie l’Histoire de l’art chez les Anciens, son opus magnum.

« Si quelque chose peut être regardé comme parfait, écrit-il quelques années plus tard, je crois que mon Histoire de l’art le deviendra. Je suis moi-même surpris des objets curieux qui se sont présentés à mon esprit. Je vous parle le langage de l’amitié, parce que je sais m’apprécier moi-même et que je n’oublie pas ce que dit Pindare : que nous ne sommes qu’une ombre du néant. »[1]

Cet ouvrage fait de lui le fondateur de l’histoire l’art et de l’archéologie moderne. Winckelmann opère en effet un changement de paradigme. Contre une histoire de l’art qui se résumait jusqu’alors à une étude de la biographie des artistes et une archéologie qui se contentait d’étudier des rapports littéraires, Winckelmann fonde ses travaux sur l’observation minutieuse des œuvres et monuments, sur l’étude des styles et l’évolution des formes.

L'hommage de Goethe


Dans ce même ouvrage, Winckelmann le premier, avance le concept de néo-classicisme. Conçut en réaction à l’exubérance « chaotique » du baroque du XVIIIe siècle, ce concept déclenchera un engouement nouveau pour l’Antiquité.

Winckelmann eut une influence considérable sur toute une génération d’historiens et d’artistes, comme en témoigne cet extrait du journal d’Eckermann :

« Vendredi 16 février 1827

Je disais à Goethe que j’avais lu ces jours derniers le traité de Winckelmann : Sur l’imitation des œuvres d’art grecques, et je lui avouai que plus d’une fois l’idée m’était venue, en lisant, que Winckelmann à cette époque n’avait pas encore une vue parfaitement nette de son sujet.

" Vous avez raison, dit Goethe, on le surprend çà et là qui tâtonne ; mais sa grandeur est de tâtonner en indiquant toujours quelque chose. Il est pareil à Christophe Colomb avant que celui-ci eût découvert le nouveau monde, et quand déjà il en portait dans son âme le pressentiment. On n’apprend rien en lisant Winckelmann, mais on devient quelque chose.

" Meyer aujourd’hui est allé beaucoup plus loin, et il a porté la connaissance de l’art à son point culminant. Son Histoire de l’art est une œuvre immortelle ; mais il ne serait pas devenu ce qu’il est, si dans sa jeunesse il n’eût été formé par Winckelmann et qu’il n’eût marché dans la voie ouverte par ce dernier. Une fois de plus, on voit ce que peut faire un grand précurseur, quand on sait mettre à profit son enseignement." »[2]


Grégoire Mabille



Et pour acquérir les Réflexions sur l’imitation des œuvres grecques en peinture et en sculpture,c'est par ici !







[1] Lettre de Winckelmann à Monsieur le baron de Riedesel, 14 juillet 1767, in Lettres familières de Monsieur Winckelmann, Yverdon, 1784, tome premier, p. 322.
[2] Conversation de Goethe avec Eckermann, éditions Gallimard, 1988, p. 214.

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