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mercredi 9 mars 2016

Les grands théologiens : Jean Daniélou

Jean Daniélou éditions Beauchesne
Le cardianl Daniélou
1905-1974
Jean Daniélou consacra la plus importante part de son œuvre à l’étude des Pères de l’Eglise. Il fut, avec ses amis Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar[1], l’un des premiers et plus importants artisans du renouveau des études patristique au milieu du XXe siècle[2]. Il s’intéressa tout particulièrement à la symbolique de la tradition judéo-chrétienne et à la rencontre de cette dernière avec la symbolique platonicienne. En témoigne sa thèse de doctorat en théologie, reprise et soutenue en 1943 à la Sorbonne sous la direction d’Emile Bréhier comme thèse de doctorat ès Lettres, intitulée Platonisme et théologie mystique. Essai sur la doctrine spirituelle de Grégoire de Nysse[3].

En 1950 paraît Sacramentum futuri. Etude sur les origines de la typologie biblique : « J’ai, dans Sacramentum futuri, étudié successivement le caractère figuratif d’Adam, d’Abel, de Noé, de Moïse, en montrant comment ils sont les figures de l’eau et du Christ. [4] » Dans cet ouvrage, Jean Daniélou met à profit sa profonde connaissance des Pères de l’Eglise afin de rétablir l’exégèse spirituelle et son usage liturgique. Mircea Eliade, le grand historien des religions, fit vraisemblablement compliment de ce volume à Daniélou puisque ce dernier lui écrit le 6 décembre 1952[5] : 

« Je suis heureux de ce que vous me dites de Sacramentum futuri [...]. Je crois qu’à partir de perspectives différentes nos recherches convergent. Il s’agit en somme de symboliques comparées et de situer la symbolique biblique dans une symbolique générale. Ce qui me frappe en ce moment, ce n’est pas tant la ressemblance de la symbolique biblique et de celle des autres religions, mais la relation inverse. Je me demande si l’interprétation des religions "naturelles" comme première alliance, telle que nous la donne l’histoire de Noé ne serait pas la vraie. En ce cas un rite comme l’effusion d’eau pour provoquer la pluie ne serait pas une sorte de magie sympathique agissant d’après un système de correspondance, mais un sacrement de l’alliance cosmique, destiné à rappeler à Dieu qu’il s’est engagé par serment  "à donner les pluies et les saisons fécondes" (act. ap., XVI, 17). » [6]

Jésuite, c’est tout naturellement que Jean Daniélou publia plusieurs de ses ouvrages aux éditions Beauchesne qui furent, durant de longues années, liées à la Compagnie de Jésus[7]. En 1963, il y fonda la collection « Théologie historique » afin d’y faire paraître, notamment, les travaux issus de la Faculté de Théologie de Paris où il enseigna l’histoire des origines chrétiennes et dont il fut le doyen. Notons que cette collection connut une belle postérité puisqu’elle compte aujourd’hui 122 volumes et qu’un 123ième paraîtra tout prochainement.
G. M.

Œuvres de Jean Daniélou parues aux éditions Beauchesne :


Jean Daniélou éditions BeauchesneJean Daniélou études d'exégèse judéo chrétienne Beauchesne


Jean Daniélou éditions BeauchesneJean Daniélou éditions Beauchesne





Jean Daniélou éditions BeauchesneJean Daniélou Nouveaux Tests éditions Beauchesne


[1] Il est à noter que ces trois grands théologiens furent créés cardinaux. En 1969 pour Daniélou, en 1983 pour de Lubac et enfin, en 1988 pour Balthasar.
[2] Rappelons qu’il fut, avec Henri de Lubac et Claude Mondésert, le fondateur de la collection « Sources Chrétiennes » (éditions de textes patristiques, accompagnées de traduction et de commentaire) en 1942-1943, collection dont les éditions du Cerf viennent de faire paraître le 580e volume.
[3] Thèse publiée en 1944 aux éditions Aubier, dans la collection « Théologie ».
[4] Jean Daniélou, Et qui est mon prochain. Mémoires, éd. Stock, 1974, p. 131.
[5] De cette lettre, on ne nous donne que le jour et le mois, mais on peut avec certitude la dater de l’année 1952, puisqu’on y apprend que Daniélou est invité pour la première fois à participer au Cercle d’Eranos à Ascona. Or, comme l’indique Eliade dans ses mémoires, la première conférence de Daniélou se produit au mois d’août 1953, cf. Mircea Eliade, Les moisson du solstice, éd. Gallimard, 1973, p. 172. La conférence de Daniélou aura pour thème la Terre et Paradis chez les Pères de l’Église tandis que celle d’Eliade traitera de La Terre-Mère et les Hiérogamies cosmiques, cf. Eranos Jahrbuch 1953, Mensch und Erde, éd. Rhein-Verlag, 1954.
[6] Lettre de Jean Daniélou à Mircea Eliade in Cahier de l’Herne Mircea Eliade, éd. de l’Herne, 1978, p. 283.
[7] Il y publiera en 1969 le "livre où je me suis peut-être le plus profondément exprimé : La Foi de toujours et l'homme d'auourd'hui, qui groupe six conférences que j'avais données à la salle Pleyel." Jean Daniélou, Et qui est mon prochain. Mémoires, éd. Stock, 1974, p. 144.

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