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lundi 25 juillet 2016

Recension : Hans Urs von Balthasar par Elio Guerriero

Editions Beauchesne Hans Urs von Balthasar
Hans Urs von Balthasar
1905-1988
Originellement publiée en Italie en 1991, voici donc la traduction française de la biographie qu’Elio Guerriero consacra à Hans Urs von Balthasar[1]. Philosophe et théologien, Guerriero est l'éditeur des Œuvres complètes de Balthasar et a été rédacteur en chef de l’édition italienne de la revue Communio fondée par ce dernier en 1972. Proche collaborateur de Balthasar, Guerriero travailla à son contact à établir le présent travail biographique dès les années 1980.

On pouvait donc s’attendre à trouver sous sa plume une brillante biographie intellectuelle qui rende justice au grand théologien suisse. Force est de constater qu’il n’en est rien et que la lecture des quelques 400 pages de l’ouvrage laisse insatisfait à bien des égards.

Le livre de Guerriero n’est ni une véritable biographie, ni une étude complète de l’œuvre, mais bien plutôt un travail qui se situe à mi-chemin entre l’une et l’autre. On comprendra aisément qu’une étude systématique de l’œuvre de Balthasar soit rendue impossible par l’importance même de cette dernière. Sa bibliographie court sur plus de 200 pages : 120 volumes, 532 articles, 114 contributions, 110 traductions, 29 anthologies, 103 préfaces, 93 recensions. Balthasar fût également éditeur et dirigea l’édition de 13 collections totalisant quelques 440 volumes. [2] Et cela sans compter les soixante autres volumes que lui a dictés sa dirigée, la mystique Adrienne von Speyr. Autant dire que cette œuvre ne peut être que survolée par Guerriero.

Mais la biographie n’est, elle aussi, qu’esquissée, livrée au lecteur en pointillé et jalonnée de nombreuses et regrettables ellipses. Hormis la jeunesse de Balthasar qui est assez bien restituée, le reste de son existence n’est que rapidement évoqué avec, par endroit, une surcharge de détails inutiles et de répétitions incompréhensibles. Mais l’on n’apprendra rien ou presque de la nature des relations que Balthasar entretint avec ses amis, qui sont loin pourtant d’être des inconnus, qu’il s’agisse de Paul Claudel, Jean Daniélou, Henri de Lubac, Joseph Ratzinger et bien d’autres. Peu de chose également sur le passage de Balthasar à Fourvière, sur sa participation à la revue Dieu Vivant ou encore sur la fondation de l'édition française de Communio aux côtés des jeunes Rémi Brague et Jean-Luc Marion...

Les quatre textes de Balthasar reproduits en annexes sont intéressants, tout particulièrement sa « Lettre d’adieu à ses confrères », son « Dernier compte-rendu » et enfin son discours prononcé à l’occasion de la remise du prix Mozart : « Ce que je dois à Goethe ». Mais les deux premiers textes ont déjà été publiés dans deux ouvrages bien plus essentielles et passionnant que celui-ci, à savoir le Mémoire sur l'occasion de mes écrits d’Henri de Lubac pour la lettre, et l’A propos de mon œuvre de Balthasar lui-même, pour le compte-rendu. Enfin et concernant le discours de Balthasar à propos de sa « relation » à Goethe, il est ici traduit de l’italien alors qu’il fût écrit et prononcé en allemand. Là encore, et afin d’en lire une version plus fidèle, on conseillera au lecteur de se reporter plutôt à la traduction commentée qu’en a fait Mario Saint-Pierre[3], directement depuis l’Allemand.  

Grande déception donc à la lecture de cette biographie qui, sans être tout à fait inintéressante, est bien loin de ce que l’on est en droit d’attendre concernant un personnage aussi complexe et fascinant qu’Hans Urs von Balthasar.  

Pour en savoir plus :


Recension de la biographie de Hans Urs von Balthasar par Elio Guerriero
399 pages, 29,90 euros





[1] Signalons que le présent livre est une réédition revue et augmentée de : Elio Guerriero, Hans Urs von Balthasar, éd. Desclée, coll. Mémoire chrétienne, 1993. La préface était alors de Jean Guitton, elle est désormais signée par Jean-Robert Armogathe.
[2] La bibliographie complète de Balthasar est consultable à cette adresse : http://www.johannes-verlag.de/jh_huvb_bibliographie.pdf
[3] In Jean Genest (dir.), Penseurs et apôtres du XXe siècle, éd. Fides, Québec, 2001, p. 44.

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